Pierrick de Morel

Mondoblog et la galaxie des Liebster Awards

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Depuis le début du mois de mai, deux mots reviennent régulièrement dans les billets des Mondoblogueurs : Liebster Award. Le principe ? Mentionner onze « blogs préférés » sur son site personnel et inciter les blogueurs en question à faire de même, initiant ainsi une véritable chaîne en ligne. Et depuis que David Kpelly, invité malgré lui dans la partie, a mentionné quelques Mondoblogueurs, le mouvement ne cesse de se propager au sein de la communauté…

« Lie… Lieb… Liebster award! !! Avec peine, j’ai finalement  lu « Liebster Award « ! Qu’est ce que c’est encore ça? Où David Kpelly a-t-il encore été trouvé cela ? ». En découvrant sa nomination pour les Liebster Award le 3 mai dernier, la blogueuse togolaise Noriflex ne peut masquer sa surprise : quel est ce concours dans lequel elle se retrouve engagée malgré elle ?

Les Liebster Awards, c’est quoi ?

En réalité, le principe des Liebster Awards repose sur quelques règles très simples. Si votre nom ou votre blog est mentionné par un autre blogueur, vous devez à votre tour rédiger un billet et :

  • Mettre un lien vers le blog qui vous a nominé,
  • Ecrire 11 informations personnelles,
  • Répondre aux 11 questions posées par la personne qui vous a nominée,
  • En créer 11 nouvelles pour les blogs que vous choisirez de mentionner,
  • Choisir 11 favoris en insérant un lien vers leurs blog,
  • Informer vos sélectionnés sur leur page,
  • Evidemment, ne pas choisir la personne qui vous a sélectionné.

Mondoblog contaminé

Depuis le 3 mai et les onze nominations de David, le virus ne cesse de se propager au sein de la sphère Mondoblog. Chaque jour, un ou deux billets paraissent sur la plateforme, nominant de nouveaux blogueurs qui, à leur tour, élisent leurs 11 site favoris.

Nous vous proposons donc de faire un point sur l’ampleur du phénomène « Liebster Award », qui a donné lieu à une véritable « galaxie » Mondoblog…


La formation #MondoblogDakar dans les médias

Le blogueur burkinabè Boukari Ouédraogo épluche la presse sénégalaise (Crédit Photo : Raphaelle Constant)
Le blogueur burkinabé Boukari Ouédraogo épluche la presse sénégalaise (Crédit Photo : Raphaelle Constant)

Du 6 au 14 avril, l’équipe de l’Atelier des médias était à Dakar pour sa formation Mondoblog. Mondoblog, c’est la plateforme qui regroupe depuis trois ans 231 blogueurs répartis dans une quarantaine de pays, et qui publient chaque jour témoignages, histoires et articles sur leurs sites personnels. Les cinquante deux meilleurs contributeurs ont été sélectionnés par Ziad Maalouf et son équipe pour dix jours de formation dans la capitale du Sénégal, et l’événement n’est pas passé inaperçu auprès des médias, tant en France qu’en Afrique.

L’équipe du magazine l’Afrique Enchantée de France Inter a fait le déplacement pour enregistrer une émission entièrement consacrée à Mondoblog. Les présentateurs Vladimir Cagnolari et Solo Soro et leur réalisatrice Michelle Soulier ont passé deux jours avec les blogueurs durant leurs sessions de formation, les accompagnant également sur le terrain lors de leur reportages.

Mardi 9 avril, l’Afrique Enchantée a été enregistrée à la Galerie Le Manège, en présence des blogueurs et de toute l’équipe de l’Atelier des médias, pour une émission spéciale diffusée le dimanche 14 avril.

Toujours sur France Inter, le journaliste Olivier Tesquet a consacré sa chronique “Toile de fond” aux blogueurs africains et à Mondoblog le samedi 13 avril.

L’événement a évidemment été relayé par Radio France Internationale (RFI). Le site internet de la radio a évoqué la formation dés son lancement. Vendredi 12 avril, l’émission de l’Atelier des médias, diffusée les samedi 13 et dimanche 14 avril, a été enregistrée en public à l’Institut Français. De nombreux blogueurs ont pris par à la préparation de l’émission, écrivant des chroniques et participant à l’animation du magazine.

Au Sénégal, l’événement a été suivi par de nombreux médias. La formation Mondoblog s’est inscrite dans le cadre du Tandem Paris-Dakar : durant un an, de nombreux événements vont être organisé, en partenariat entre les deux capitales. Une application mobile, Ndakaaru, a officiellement été lancée mardi 9 avril, lors de la soirée à la Galerie Le Manège.

L’hebdomadaire Jeune Afrique est revenu sur cet événement, tout comme deux quotidiens dakarois, Le Soleil et le Quotidien, qui ont évoqué le lancement de Ndakaaru sur leurs sites respectifs. Le Soleil a également participé à la formation, en reprenant des billets de blogueurs sur son site internet.

Au niveau audiovisuel, Ziad Maalouf a dû répondre à de nombreuses sollicitations médiatiques, presque toujours en présence de blogueurs.

Ziad était invité de la matinale Kenkelibaa sur la RTS 1 le jeudi 12 avril à 7h00 du matin. L’équipe de la RTS s’est déplacée également à l’Agence Universitaire de la Francophonie, où se déroulait la formation, pour réaliser un petit reportage télévisé diffusé sur la télévision sénégalaise.

Ziad a également été invité sur l’antenne de la radio RSI, où il s’est rendu avec le camerounais Florian Ngimbis et la burkinabé Kpénahi Traoré, pour une intervention sur la formation.

L’émission Réseau Jeunesse de la WADR a été enregistrée avec cinq mondoblogueurs et Ziad le jeudi 12 avril à 16h00.

Enfin, les productions des blogueurs ne sont pas passées inaperçues. En plus des billets repris sur le site du Soleil, la sélection du blogueur haïtien Wilney Taris pour la formation dakaroise lui a valu un article sur le site Haïti Press Média.

Quand à la camerounaise Danielle Ibohn, son reportage sur les conseils de beauté des Sénégalaises, publié sur son blog natila.mondoblog.org, a été largement “mentionné” par le site Slate Afrique, quelques jours seulement après son retour de Dakar.

*Merci à Romain Masson pour son appui dans la réalisation de cette revue de presse.


L’Atelier des médias aux couleurs de Mondoblog

Ziad Maalouf et les Mondoblogueurs lors de l'enregistrement de l'émission spéciale Mondoblog(Crédit photo : © Marthe Le More)
Ziad Maalouf et les Mondoblogueurs lors de l’enregistrement de l’émission spéciale Mondoblog
(Crédit photo : © Marthe Le More)

Du 6 au 14 avril, l’équipe de l’Atelier des médias était à Dakar pour la deuxième formation des blogueuses et blogueurs de Mondoblog. Cinquante deux contributeurs ont reçu pendant 8 jours une formation intensive aux techniques du journalisme et aux outils 2.0 : écriture, recherche et vérification de l’information, édition, réseaux sociaux…
(Billet rédigé avec Raphaelle Constant)

Pour la troisième fois depuis le lancement de la plateforme Mondoblog, l’Atelier des médias a organisé une formation de blogueurs. Après Yaoundé et Dakar en 2011, c’est à nouveau dans la capitale sénégalaise qu’a eu lieu la réunion de cette année, avec une spécificité : jamais autant de Mondoblogueurs avaient été réunis en un seul et même endroit. Ils étaient cinquante deux cette année, venus des quatre coins du monde. Une trentaine de pays, trois continents et de multiples nationalités se sont donc retrouvés pour 10 jours à Dakar, placés sous le signe du blogging et du journalisme.

Depuis le mois de décembre 2012, les membres de l’équipe de l’Atelier des médias – Ziad Maalouf, Simon Decreuze, Raphaelle Constant et Pierrick de Morel – ont lu les billets des 231 membres de la communauté Mondoblog pour en retenir 52 (39 de la saison 2 et 13 de la saison 1). Les participants ont été sélectionnés selon des critères d’assiduité, de qualité, et d’implication. Ici, la liste des lauréats.

Un moment d’apprentissage et de rencontres

Du 6 au 14 avril, les lauréats se sont donc retrouvés à Dakar. Certains blogueurs aguerris de la saison 1, qui ont déjà eu l’occasion de se rencontrer lors des sessions de formation précédentes -ont assisté nos sorciers du net.

A Dakar, ces cinquante deux internautes ont reçu différentes formations. L’équipe de l’Atelier, qui relit et édite régulièrement leurs billets, est revenue sur les questions de mises en forme des billets, de l’importance de ne publier que des informations vérifiées et sur l’utilisation des réseaux sociaux.

Grégoire Pouget, de Reporters sans Frontières, les a sensibilisé aux questions de la sécurité en ligne. Des cours de français étaient également au programme de cette semaine bien chargée, puisque l’Institut a offert un cours d’écriture aux blogueurs, animé par l’écrivain sénégalaise Khadi Hane.

Une émission 100% Mondoblog, faite par et avec les blogueurs

Pour cette émission spéciale, les lauréats de la formation #MondoblogDakar ont été mis à contribution, en intervenant dans l’émission. Mamady Keita, un jeune guinéen étudiant en Ukraine, a évoqué ces blogueurs qui, comme lui, écrivent des billets loin de pays natal :

“Tous ces Mondoblogueurs racontent leurs aventures, leurs vision, leur point de vue face aux convulsions socio-politiques de notre monde actuelle (…) C’est ça aussi Mondoblog : l’unité dans la diversité.”

 

Plus léger, Florian Ngimbis est revenu sur la difficulté que les membres de la communauté ont eu à se déplacer avec les taxis dakarois. “Ici, les chauffeurs causent français quand vous entrez dans leur véhicule et wolof après, quand ils sont perdus. En attendant que le wolof débarque sur Google traduction, on improvise”, raconte-t-il ainsi au micro de Ziad Maalouf.

La chronique de Francis Pisani a été remplacée par une chronique du camerounaisRené Jackson, alias Panda pour ses collègues, qui a remarqué au cours de son séjour l’état d’avancement des NTIC à Dakar. Marqué par les visites du CTIC – un incubateur qui héberge et soutient de jeunes start ups spécialisées dans les nouvelles technologies, et de Jokkolabs – une plateforme de co-working (un espace où les jeunes entreprises “apportent et rassemblent leurs idées, pour les faire grandir et les implémenter” – il a évoqué le concept d’intrapreunariat.

“Il s’agit d’une espèce de mise en mouvement, une mise en réseau interne des gens de Jokkolabs, a expliqué René. Ainsi, je dirai qu’il ne faudra pas être surpris si dans quelques années Dakar se transforme en une sorte de Silicon Valley de l’Afrique de l’Ouest.”

Dakar, source majeure d’inspiration pour les Mondoblogueurs

La semaine a été également été l’occasion pour les blogueurs de réaliser des reportages au cœur de la capitale sénégalaise. Ils ont en effet pu profiter de navettes mises à leur disposition pour circuler dans Dakar et traiter des sujets de leurs choix et publier ensuite des contenus texte, audio, vidéos, photos sur les quartiers de la ville.

La difficulté de se faire comprendre quand on ne parle pas wolof, les nombreux tags sur les murs de la ville ou encore le choc des régimes politiques ont ainsi inspiré de nombreux billets à nos blogueurs, à lire comme d’habitude sur leurs blogs respectifs, ou sur Mondoblog.org.


#MondoblogDakar : Khadi Hane, le riz et la liberté

Les blogueurs écoutent attentivement les conseils de Khadi Hane (Crédit photo : Marthe Le More)
Les blogueurs écoutent attentivement les conseils de Khadi Hane (Crédit photo : Marthe Le More)

Jeudi 11 avril, dans le cadre de leur formation à Dakar, quelques Mondoblogueurs ont assisté à un atelier d’écriture animé par l’écrivain sénégalais Khadi Hane, grâce à l’Institut Français, partenaire de l’événement dakarois. Divisés en deux groupes, ils ont pu profiter durant quelques heures des conseils de l’auteur du roman Des fourmis dans la bouche. Des conseils qu’ils ont pu mettre en application puisqu’il leur a été demandé de rédiger en dix minutes un court texte sur le sujet de leurs choix. Les blogueurs du matin avaient ainsi décidé de travailler sur le thème « manger du riz tous les jours »– thème quasi obsessionnel chez les blogueurs, lassés d’en manger midi et soir – tandis que le groupe de l’après-midi était inspiré par le concept de la liberté. Voici quelques uns de leurs textes.

Manger du riz tous les jours

Manger du riz tous les jours ne me dérange en aucune façon. Après tout je suis sénégalais, j’y suis habitué. Cela fait 25 ans que ça dure et je ne vais pas commencer à me plaindre maintenant. Ce que je crains par contre, c’est de ne plus pouvoir en manger. Cela m’est déjà arrivé puisque j’ai passé une année au Maroc où j’ai dû revoir mes habitudes alimentaires. Fini les thiébou dieune, yassa et autre plats qu’on adore manger au repas du midi. Le riz, je ne pouvais plus en manger tous les jours, hélas. Du coup, quand il y en a au menu, j’en profite à fond et je m’en mets plein le ventre. Cette histoire de riz me fait penser à ma sœur qui adore préparer de petits plats qu’elle nous fait goûter. Elle a un livre de cuisine et elle essaye souvent les recettes qu’il y a dedans. Nous sommes un peu ses rats de laboratoire… Et des fois pour la taquiner, je lui dis : pourvu que tu n’aies pas un mari sénégalais.

Ameth, Eg si lène ak diam !!! (Soyez les bienvenus)

Le serveur dépose le plat fumant devant. Je ne lève même pas la tête, concentré sur l’écran de mon smartphone. Ca doit l’étonner, je pense. Un plat si chaud, si assaisonné, croupissant sous des morceaux de viandes gros comme les gris-gris d’un lutteur du grand Yof… Un plat si prometteur qui me laisse dans une telle indifférence, ça doit vraiment l’étonner, mon serveur.

– Monsieur, votre plat s’il vous plaît, et si vous en voulez encore, on peut vous en rajouter.

Je ne réponds pas, toujours concentré sur mon fil Twitter. Mon vieux, tu sais ce que je veux, hein, te balancer ce plat en pleine bouille. Tu peux t’informer auprès de mes quatorze copines maliennes, bon, celles de la période mars-avril, elles reçoivent des baffes et des coups de poing que je leur distribue partout sur le visage.

– Monsieur, vous m’écoutez, vous semblez concentré, mangez votre riz tant qu’il est encore chaud.

Lui répondre enfin. Je lève les yeux.

– Dites-moi, mon cher, vous ne servez que du riz dans cet hôtel ? Il n’y a plus rien à manger ici à Dakar ?
– Euh, nous changeons de sauce toutes les fois, monsieur, cette sauce-ci est très spéciale et…
– Je ne veux plus manger de riz, votre riz.

Je me lève et me dirige vers ma chambre d’hôtel. Fanta, ma nouvelle copine sénégalaise m’appelle au téléphone. Je décroche avec frénésie.

– Salut David, t’es à l’hôtel ? Attends, je passe dans un quart d’heure, je t’amène une merveille, tout de suite.
– Hein ! Euh, écoute Fanta, ce que tu m’as fait hier ne m’a pas plu, tu me plais beaucoup, mais tu ne veux pas…
– Oublie pour hier, Dave, c’était juste parce que je n’étais bien en forme. Bon écoute, la surprise que je te réserve est un bon plat de riz que j’ai spécialement fait pour toi. Tu vas adorer. Allez, je te l’apporte tout de suite.

David, Castigat ridendo mores

Y a-t-il un mal à se gaver de riz tous les jours ? Moi je n’en vois aucun. Quand on part du principe que l’on mange dans le but de calmer sa faim, et prendre des forces en vue de continuer son travail.

Pour moi qui viens d’un pays où l’aliment de base est le oua ti Gozo – je traduis presque mot à mot : « boule de manioc chaud »– manger du riz pourrait même être un luxe. Certaines familles moyennes accompagnent toutes les sauces avec de la boule de manioc. Le riz, chez moi, est un plat de fête.
Alors je ne fais pas comme le Héron de la fable. « Les plus accommodants ce sont les plus habiles », dit La Fontaine.

Blogueur Centro, Echos de Centrafique

C’est marrant ! Pour moi qui viens de la partie septentrionale du Cameroun, c’est comme si je m’y trouvais en mangeant cela au Sénégal. La seule différence est que la couleur varie depuis cinq jours que je suis là. J’ai mangé du riz rouge, rose, jaune, blanc et je n’ai plus qu’à attendre le riz vert et là, j’aurais constitué toutes les couleurs du drapeau de mon pays rien qu’en mangeant du riz. Si ce n’est pas être patriote ça, alors qu’est ce que c’est ?

Je pense qu’avec la quantité de riz que l’on consomme ici au Sénégal, les Chinois sont bien riches dans ce pays, puisqu’ils en sont les fournisseurs au Cameroun. Si cela est le cas ici aussi, ils ont de quoi se frotter les mains. Je pourrais bien me lancer dans ce commerce aussi et devenir riche à mon tour au Sénégal. Je pense que cela nécessite une étude préalable du marché et un tas de tracasseries administratives que je n’ai pas la force d’effectuer vu que j’ai faim et qu’il est midi.
Je vais manger du « riz », du « tchep » comme on le dit ici. Ne me demandez pas de quelle couleur il sera, je découvrirais cela une fois que je serais au restaurant.

Salma, Blogitude, le monde sous la plume de Salma

Brown Rice (Wikimedia Commons)
Brown Rice (Wikimedia Commons)

Le riz est pour moi l’aliment de base. En manger tous les jours me laisse penser que soit on n’a pas les moyens de manger autre chose, soit on est concentré sur d’autres préoccupations. Il devient alors un aliment qui nous nourrit suffisamment pour nous rassasier, mais sans pour autant nous divertir. Il nous laisse la possibilité de nous concentrer sur autre chose de moins superficiel, c’est tout du moins ce que l’on croit à ce moment-là. Le riz me rappelle mes années étudiantes, particulièrement en période d’examen, lorsque je n’avais ni le temps, ni l’argent pour cuisiner ou manger autre chose, et lorsque le repas devenait une corvée qui me détournait de mes objectifs de travail.

Pascaline Breuil, Entre médina et belle étoile

Il était blanc, puis rouge, puis brun, puis jauni, puis noirci, puis blanc encore. Ça faisait deux mois que j’avais atterri à l’aéroport Sedar Senghor et que je me fondais dans l’ambiance du terroir sénégalais. L’employée de la maison où j’étais logée était mince, élancée, belle, à fière allure, comme une vraie Sénégalaise mais aussi travailleuse. Tant mieux parce que c’est cette dernière qualité qui m’intéressait le plus. C’était une Joola qui avait quitté sa Casamance natale, à la recherche du pain, du riz, de quoi gagner sa vie et nourrir sa famille. Du thieb, elle me le faisait tous les midis, tous les soirs, toutes veilles et tous les lendemains. Quelques soient les épices, manger du riz tous les jours est ce qui m’attendait au Sénégal.

NathyK, L’Unité dans la Diversité

Je savais bien que le repas numéro 1 au Sénégal était le riz. Aux traditionnels ambassadeurs du Sénégal, que sont l’Île de Gorée, Léopold Sedar Senghor, Cheick Anta Diop ou autres, il faut ajouter le thiep diem, le riz au poisson sénégalais qui a fait le tour de l’Afrique et au-delà. Mais de la à en manger tous les jours, je ne m’y attendais pas. Depuis maintenant une semaine que je suis dans cette belle ville, je suis bien obligé de supporter ce régime que m’imposent les formateurs de l’atelier Mondoblog auquel je participe à Dakar. Une véritable dictature ! À midi, le soir, c’est du riz. On aura tout consommé, le riz au poisson, au poulet ou la viande rouge, du riz gras, ou à la sauce arachide, du riz jaune, rouge ou blanc, etc. Pourtant, en temps normal, tout cela est un vrai délice : combien les cuisiniers ont fait sortir leur savoir-faire culinaire pour nous faire plaisir. Heureusement, sinon bonjour le béribéri.

Je suis traumatisé à tel point que je me demande souvent si le riz ne poussera pas dans mon ventre à ce rythme-là. D’ailleurs depuis quatre jours, je n’ai pas fait caca. J’ai beau me laver avec les savons derniers cris, l’odeur du riz me suit comme les mouches adorent la fiente.

Mes amis d’enfance, à ma place, diront que je fais le malin. Quand j’étais petit, ma mère nous imposait un régime pareil. Nous mangions le tô (que je détestais plus que tout), matin, midi, soir ! Pis, c’était presque la même sauce, matin, midi et soir ! Le riz, on avait la chance de le consommer que quatre fois dans l’année : Ramadan, Tabaski, Noël et Pâques. Mais quel riz ? Le riz à la sauce « rendez-vous en bas » parce qu’à part les deux ou trois morceaux de viande pour lesquels mes frères, mes cousins et moi devions nous battre, il n’y avait que comme ingrédients quelques morceaux d’oignons et de tomates que nous pouvions même compter.

Boukari, Le Messager d’Afrique

 Liberté

À Mylène Colmar, la guadeloupéenne en face de moi.

Fin de la pause.

Libre, je l’étais. Libre de somnoler, libre de faire semblant d’écouter. Libre de m’enfoncer les doigts dans le nez. D’en retirer de petites croûtes que j’avalais plus ou moins discrètement, de petites croûtes au goût salé du vent de la mer sénégalaise dont je bois le sel à chaque inspiration. J’étais libre de péter, et de m’enivrer de l’odeur de mes flatulences parfumées au plat de tièp dont mon estomac est saturé. Oui, j’étais libre. Joyeuse époque désormais révolue. Elle est là à présent, devant moi, sombre fille des îles dont le regard brûlant m’écrase, m’avale, me noie, m’enchaîne. Je pleure ma liberté, mais je crois que je la préfère être l’esclave de ma guadeloupéenne.

Florian Ngimbis, Kamer Kongossa

 Quand on croit l’avoir, on ne l’a jamais. Quand on ne l’a jamais, on cherche à la trouver. Ô quelle m’encombre la Grande, la Précieuse, la Désirée. Désireuse ! J’ai entendu dire qu’un jour, entre midi et minuit, certains l’avaient rencontrée. J’ai cru à du recèle, il s’agissait d’un malentendu, enfin on me l’a dit et j’ai entendu.

Aurore, 99 Luftballons

 La liberté : c’est quoi ?

 Et oui, un bien grand mot. On en parle, on en parle toujours, des débats se créent partout dans le monde, qu’est-ce que cela regroupe ?

Peut-on vraiment prouver la liberté ? Dire ce qu’on veut, ce qu’on pense quand c’est nécessaire sans avoir peur ? La réponse semble être difficile. Pour moi, c’est apprendre à s’accepter et à s’armer pour mieux accepter et mieux armer les autres. La liberté fait partie des piliers fondamentaux de notre société.

Au demeurant, chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement ses opinions par la parole, la plume, l’image, la marche pacifique pourvu que l’exercice de ces droits ne porte pas atteinte ni à l’honneur et à la considération d’autrui ou à l’ordre public.

« La liberté, ce n’est pas de pouvoir ce que l’on veut, mais de vouloir ce que l’on peut », a expliqué le philosophe français Jean-Paul Sartre.

Metzou, metzou

 Je n’aime pas la liberté. La liberté, mes ancêtres n’en avaient pas. Esclavage. Mes parents en ont abusé. Sida. Déficit. Crise. Ma génération n’en a qu’une once, tout en croyant en avoir énormément. Internet. Influence. ILLUSIONS, oui !

Je n’aime pas la liberté. Elle implique l’imagination, l’action. Entre deux crises économiques et sociales. Entre deux crises de larmes.
Liberté limitée !

Mylène, Blog Universelle Caraïbe

 Je déteste l’autorité ; je ne supporte pas qu’on me donne des ordres. Je crois que je suis un esprit rebelle. Quand je pense au mot liberté, c’est l’autorité que je veux détruire. Je n’ai pas besoin qu’on me pousse, qu’on me bouscule ; je le fais moi-même. Donner des orders, c’est traiter les autres comme des enfants, des bêtes. Je comprends l’importance de la hiérarchie pour organiser un monde qui serait cahotique sans un peu de commandement. Mais je n’en ai pas besoin. Mon bonheur dépend de cela. De me sentir totalement libre de toute autorité. Je déteste l’autorité. Mais je ne suis pas anarchiste, même si j’en suis assez proche.

Serge, Carioca Plus

Comment peut-on définir la liberté
Et puis c’est quoi concrètement la liberté
Est-on libre quand on écrit
Est-on libre quand on vit
Est-on libre quand on est heureux
Est-on libre quand on accepte
Est-on libre quand on donne
Est-on libre quand on fait ce qu’on veut.
Ma liberté est un concept.
Une vue de l’esprit, une chose à la fois présente et si absente.
La liberté n’existe pas.
D’ailleurs à quoi ça sert de se sentir libre.

Ntrjack, From Douala With Love

Houria. 50 ans. Cheveux blonds qui se redressent avant même qu’ils ne soient attachés. Spontanéité qui refuse l’autorité. Regard protégé par des verres correcteurs brisés. Un cri dans le silence de la salle de classe où je l’ai rencontrée.

B .A. ba. Houria refuse de lire dans la simplicité. Les lettres, elle connaît, mais refuse de les associer. Les consignes, elle ne veut respecter. Mais un jour elle a cédé. Elle a écrit : « Houria, en arabe, ça veut dire la liberté. »

Limoune, Jeu des citrons

Freedom is not free, par jepoirrier (Flickr/CC)
Freedom is not free, par jepoirrier (Flickr/CC)

Doux.
Si doux sont les effluves nyctalopes.
Autant
que je m’étends
dans tes bras assassins
m’assassinent des suaves saveurs.
Et entre les branches diurnes de tes cuisses d’ébène
se resserrent des repères nocturnes
Et ici vers là-bas, nos envies, nos ennuies, nos cris…

Des rais vespéraux. Essoufflée était sa voix. Ses narines grosses et sèches. Il rampa. Se redressa. Puis poussa la pirogue avec toutes ses forces. Pendant que le vent tournait. Tournoyait. À contrevent glissait la pirogue dans le fleuve. Sinueux. Derrière un baobab, il s’abrita des averses. Il se cachait, les yeux toujours rivés sur la pirogue. Un corbeau se posa dans le creux, de la pirogue. Et becquetait le voile aux couleurs de lune, de soleil, d’étoiles. Puis à tire-d’aile, puis envol, puis plus rien. Plus rien sauf le vent qui bâillonnait les gémissements muets de l’enfant mort.
Se réveille un soleil dans le cœur
comme se meurt le jour dans ses yeux.

Adjmaël, Regarder l’archipel des Comores autrement

Jeunes, beaucoup trop, je les vois se disperser dans la ville de Dakar. En groupe pour certains, seuls pour d’autres…

L’un se rapproche de moi et me demande quelques pièces d’argent. Le visage triste, un regard profond comme envahi par toute la souffrance du monde, il me supplie de lui donner quelque chose. Je fouille donc mon portefeuille et j’en sors une pièce de 100 francs. Je les lui remets et après m’avoir remercié, il s’éloigne très vite. Mais mon regard ne se détourne pas de lui. Mon taxi démarre et ce visage inconnu, ce petit ange amaigri reste ancré dans mon esprit. Je m’interpelle alors. Est-il libre, cet enfant? Est-ce son rôle de nourrir ses pairs ? Pourquoi ne va-t-il pas jouer comme tous les enfants de son âge. La liberté n’existe peut-être pas… elle est juste illusoire…

Sinatou, Daily Sinath!

Liberté, en voici donc un mot qui porte à confusion. Sauf qu’il est au cœur des problématiques de l’humanité. Tous les hommes qu’ils soient noirs, blancs, jaunes… revendiquent et exigent d’être libres. Cependant, il faudrait circonscrire la liberté et la limiter à soi. Si tout un chacun arrivait à cela, chacun en serait plus libre.

Michel, Le regard de Michou

Rencontre avec un commerçant sénégalais

Je n’avais jamais vu auparavant un commerçant aussi teigneux qu’au Sénégal. Il m’a poursuivie tout au long de ma promenade dans le marché. Par moments, je l’ignorais, je feignais de ne pas l’entendre. Il usait de tous les stratagèmes pour me mettre hors de moi, pour me culpabiliser afin que j’achète son tissu. Après plusieurs tentatives, il s’est rendu compte que je n’allais pas céder aussi facilement. Mais moi, la seule chose que je voulais, me débarrasser de lui, être libre et poursuivre mon chemin.

Kpénahi, La voix du Faso

S’il y a un mot que les médias utilisent le plus, c’est liberté. Elle est le désir inassouvi de faire, d’aller, d’écrire, de parler, de réfléchir, de critiquer et que sais-je encore ? Le statut de liberté symbolise ainsi, aux États-Unis, ce penchant pour l’être humain dans sa quête de liberté. Mais, si dans la plupart des pays occidentaux la liberté semble être respectée, en Afrique ce mot n’est pas trop aimé par les dirigeants. Ces derniers préfèrent l’utiliser au bout des lèvres, mais la réalité est autre chose : censure. Les défenseurs des droits humains et de la liberté font des combats quotidiens pour promouvoir et faire respecter sur le continent africain et dans le monde entier ces valeurs humaines. Courage à tous ceux qui font de cette lutte, un métier.

Baba, Le quotidien du Banguissois

Ne me prenez pas en otage !!!
Oui !
Je ne suis pas d’accord !
Je ne suis plus un gamin.
Même si… Je n’ai pas atteint l’âge de la puberté !
Je suis libre de vivre !
Même si… Je ne suis pas incontrôlable !
Je suis libre de manger le riz !
Je suis libre de boire de l’eau!
Même si… Je n’ai pas le monopole de la parole !
J’ai droit à la liberté d’expression et d’opinion !
Oui !

Visavis, C’est pas du bluf ! C’est vis-à-vis

Partir…

Las d’écouter l’amer tic-tac de ma pendule,
Repu de ces clichés de la muette diaspora,
En moi le désir de partir répand l’aura,
Déshydraté par cette permanente canicule…

Je ne sens plus cette force réservée à Hercule
Pourquoi échouent-ils si nombreux ? Nul ne saura.
Lentement, en moi, la source de l’espoir tarira.
Pour s’en sortir, il faut d’innombrables tentacules !

Partir, sans regard aucun sur l’actuel vécu.
Juste partir, sur le passé, en tirant un trait.
Partir car ici je me sens tel un rebut.

Partir, sur mon visage, ne laisser aucun trait.
Partir, car ici, tout à l’air d’un déjà-vu.
Partir loin d’ici, loin de ce tohu-bohu.

L’autre côté, sur moi, exerce un mignon attrait.

J’ai dit !

Aphtal, Le Bruit du Silence…

La liberté est comme la base de l’arc-en-ciel : on croit voir où elle se trouve, mais on ne parvient jamais à l’atteindre. Insaisissable, immatériellle, pour la majorité d’entre nous elle n’est qu’illusion.

Le jour où l’esclave Compère réussit là où tant avaient échoué avant lui, à s’échapper de l’habitation sucrière de l’Anse Latouche, il croyait réellement n’avoir pas seulement atteint la base de l’arc-en-ciel, mais avoir carrément domestiqué, apprivoisé l’arc de lumière.

Berliniquais, Ich bin ein Berlinoir


#MondoblogDakar : J’ai suivi PSG-Barça avec les Mondoblogueurs

Pause foot pour le Mondoblog Tour (Crédit photo : Pierrick de Morel)
Pause foot pour le Mondoblog Tour (Crédit photo : Pierrick de Morel)

C’était probablement l’un des plus grands matchs de football l’année. Les Mondoblogueurs amateurs de ballon rond n’auraient donc raté pour rien au monde le duel entre le FC Barcelone et le Paris Saint-Germain. Retour sur ce quart de finale de la Ligue des Champions avec les blogueurs de la plateforme de l’Atelier des médias.

“Ils ont envoûté le but là !” Dans la cour de l’hôtel ViaVia, la blogueuse malienne Faty s’énerve. Depuis quelques minutes et le but de Javier Pastore, c’est le PSG qui est qualifié pour les demi-finales de la Ligue des Champions. Son club de cœur  le FC Barcelone, est en difficulté.

A côté d’elle, Mamady Keita ne dit plus rien : depuis deux jours, celui qui rédige régulièrement des billets sur le FC Barcelone est persuadé que l’équipe espagnole va se qualifier facilement. Cette ouverture du score parisienne le fait sérieusement douter. Son voisin, le haïtien Wilney Taris, se gratte la tête. Lui aussi avait imaginé une victoire aisée du club barcelonais. Maintenant que le PSG mène au Camp Nou, c’est une autre histoire.

Pause football pour le Mondoblog Tour (Crédit Photo : Raphaelle Constant)
Florian, Madigbé et René devant le match (Crédit Photo : Raphaelle Constant)

Assis juste devant l’écran, les camerounais René Jackson Nkowa et Florian Ngimbis, qui soutiennent l’équipe parisienne, sont plus détendus. Régulièrement, ils se lèvent et entonnent un chant de soutien. “Paris ! Paris !” La petite cour dans laquelle est situé l’écran de télévision résonne du chant des deux supporters.

Un match au coeur des préoccupations

Depuis deux jours, le sujet agitait de nombreuses conversation : le PSG allait-il parvenir à éliminer le FC Barcelone et se qualifier pour les demi-finales de la Ligue des Champions ?

Pro-Barça et pro-PSG se déchirait autour de cette question, avec une inquiétude : la formation #MondoblogDakar allait-elle leur laisser le temps d’assister à cet événement ? Mais après trois jours intensifs, difficile de ne pas leur accorder cette faveur.

La quinzaine de blogueurs passionnée de football s’est donc retrouvée dans la cour de l’hôtel ViaVia (où résident habituellement les formateurs) pour voir le match. Et le début de la rencontre souriait plutôt aux supporters du PSG, jusqu’à la 70e minute de jeu.

Mené, le Barça fait entrer l’incontournable Lionel Messi. Il ne faut que quelques minutes à l’Argentin pour venir au secours de ses coéquipiers et relancer son équipe. Vingt minutes avant le coup de sifflet final, Pedro inscrit un but qui met les deux équipes à égalité (1-1). Mais le match nul (2-2) obtenu à l’aller qualifie les Barcelonais à la faveur du but marqué à l’extérieur. Paris est éliminé de la Ligue des Champions, sans s’être incliné face à l’ogre barcelonais.

Pas le temps de fêter la victoire

Ravi, le supporter catalan Mamady Keita n’en reste pas moins très professionel : comme après la visite de la Maison des esclaves à Gorée, il circule entre les tables, interviewant les supporters des deux camps avec son téléphone portable. Cyriac Gbogou immortalise la scène sur Twitter.

Pas de troisième mi-temps prévue au programme. Dès le coup de sifflet final, les blogueurs remontent dans leur bus, direction l’espace Thialy, dans lequel il loge depuis le début de la formation. Demain, les choses sérieuses reprennent.


#MondoblogDakar : les 52 blogueurs retenus

Mondoblog-dakar-2013
Du 6 au 14 avril, l’équipe de l’Atelier des médias se déplace à Dakar pour la deuxième formation des blogueuses et blogueurs de Mondoblog.  Nos contributeurs recevront pendant 8 jours, une formation intensive aux techniques du journalisme et aux outils 2.0 : écriture, recherche et vérification de l’information, édition, réseaux sociaux…

Les participants ont été sélectionnés selon des critères d’assiduité, de qualité, d’implication. L’aventure ne s’arrête pas pour les autres. Nous comptons sur tous les blogueurs pour écrire encore et toujours leurs histoires que l’équipe de l’Atelier des médias et RFI mettent en avant sur la Toile.

Durant cette formation, les lauréats de la saison 2 seront assistés par certains blogueurs aguerris de la session 1. Les plus expérimentés accompagneront les stagiaires dans les quartiers de Dakar pour publier avec eux des contenus texte, audio, vidéos, photos sur les quartiers de la ville.

Voici la liste des lauréats.

SAISON 2

SAISON 1

Cet évènement est organisé par RFI avec le soutien du service de coopération audiovisuelle de l’Ambassade de France à Dakar, l‘Institut Français, l’AUF, l’Unesco, CESTICTIC Dakar, Nelam Services/Agendakar, l’ONG RAES, One World, et Google.
Grégoire Pouget de Reporters sans Frontières, Cyriac Gbogou d’Akendewa, Marie Philiponeau et Julie Bordron de la ville du Kremlin Bicêtre prendront part à la formation.
L’Institut Français de Dakar invite à cette période l’équipe de L’Afrique enchantée, l’émission de Soro Solo et de Vladimir Cagnolari diffusée sur France Inter.
Au niveau local, la formation annuelle de Mondoblog est coordonnée par Jokkolabs et sera couverte par le quotidien national Le Soleil qui publiera du contenu sur son site et dans le journal. Le Campus Numérique de Dakar accueillera quant à lui les sessions de formation.