Raphaëlle Constant

#MondoblogDakar : JE REFUSE DE PASSER L’AFFAIRE SOUS SILENCE !

Article écrit par Fofana Baba Idriss sur Visavis.

Du 6 au 14 avril dernier, l’équipe de l’Atelier des médias de la Radio France Internationale (RFI) était au Sénégal pour la formation de 52 blogueurs travaillant sur sa plateforme « Mondoblog ». Elle regroupe, depuis trois ans, 231 blogueurs francophones répartis dans une quarantaine de pays à travers monde. Retour sur les 10 jours de périple dans la ville de Dakar, que je refuse de passer sous silence.

Une vue de la publication du compte rendu de la formation des mondoblogueurs à Dakar, dans un journal ivoirien. Crédit photo: quotidien Le Mandat

 Une vue de la publication du compte rendu de la formation des mondoblogueurs à Dakar, dans un journal ivoirien. Crédit photo: quotidien Le Mandat

Oui ! Ce n’était pas un poisson d’avril. Comme je l’ai cru au départ. Les cinquante-deux « mondoblogueurs » venus de 26 pays, dont 7 de la Côte d’Ivoire, « Suy Kahofi,Moussa BambaCyriac GbogbouAly CoulibalyEmile BelaFofana Baba Idriss…», se sont retrouvés « en chair et en os » au pays de la Téranga.

Mais comment y sommes-nous parvenus ? En effet, suite à un concours lancé en août 2012 par RFI, 150 candidats ont été retenus sur plus de 700 candidatures enregistrées. Mis en compétition durant 6 mois, seulement 52 ont pu être sélectionnés sur des critères d’assiduité, de qualité et d’implication. Sans un quelconque copinage, ce sont donc « les meilleurs des meilleurs » qui ont débuté leur formation le 7 avril par une excursion sur l’île de Gorée au Sénégal.

Le dimanche 07 avril 2013, nous sommes à la gare maritime de Dakar, en vu d'embarquer pour l'île de Gorée. Crédit photo: FBI

 Le dimanche 07 avril 2013, nous sommes à la gare maritime de Dakar, en vu d’embarquer pour l’île de Gorée. Crédit photo: FBI

Loin d’être en villégiature, le séjour des lauréats n’a été de tout repos. Durant 10 jours, au Campus numérique Léopold Sédar Senghor de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) de Dakar, ils ont reçu une formation intensive aux « techniques du journalisme et aux outils 2.0 : écriture, recherche et vérification de l’information, édition, réseaux sociaux… ». Aux premières heures des travaux, le responsable de l’Atelier des médias RFI, Ziad Maalouf, a fait un tour d’horizon sur le fonctionnement et la charte qui régit la plateforme hébergée par Mondoblog. Il nous a expliqué comment les articles et les billets des blogueurs arrivent à la une de la plateforme. « En tant qu’hébergeur de la plateforme, nous n’avons pas le droit de publier des articles et des billets à caractère homophobe par exemple. Vos écrits doivent comporter moins de coquilles et vous ne devez pas publier des contenus qui ne vous appartiennent pas », a éclairé Ziad.

Le samedi 06 avril 2013, Ziad Maalouf donne les instructions sur la formation aux mondoblogueurs, à l'AUF. Crédit photo: Marthe Le More

 Le samedi 06 avril 2013, Ziad Maalouf donne les instructions sur la formation aux mondoblogueurs, à l’AUF. Crédit photo: Marthe Le More

Ajouté à cela, nous avons pu bénéficier des connaissances sur la surveillance et le piratage informatique. Grégoire Pouget, de Reporters sans Frontière (RSF), en bon ‘’hacker’’ a livré un cours sur les « Mille et une astuces pour contourner la censure ».

Comment protéger les données en ligne ?

Fofana avec Grégoire Pouget de RSF. Crédit photo: Fatoumata H

Fofana avec Grégoire Pouget de RSF. Crédit photo: Fatoumata H

Comme par exemple, l’utilisation des « phrases de passe » à la place des « mots de passe » pour protéger ses activités en ligne. « Il faut oublier la notion de mot de passe et penser aux phrases de passe. Parce qu’un mot de passe ne comporte que 7 à 10 caractères avec des chiffres courts, qu’on peut facilement craquer. Alors qu’une phrase de passe comporte des virgules, des espaces d’une quarantaine de caractères assez spécifiques, qui ont une longue durée de vie », a préconisé l’envoyé de RSF.

Pierrick De Morel et Raphaëlle Constant, tous deux journalistes et administrateurs de la plateforme, ont formé les blogueurs sur l’« Edition d’un billet ». Nous nous sommes rendu compte que cela part de la correction de nos billets à leur mise en forme, en passant par l’insertion « des liens et des vidéos » afin de les rendre plus qualitatifs. D’autant plus que les formateurs tenaient à préciser qu’« être blogueur ne signifie pas qu’on est Journaliste », même si plusieurs d’entre nous le sont.

Pierrick De Morel et Raphaëlle Constant ont été d'un apport inestimable pour les mondoblogueurs. Crédit photo: Gaïus Vagheni Kowene

 Pierrick De Morel et Raphaëlle Constant ont été d’un apport inestimable pour les mondoblogueurs. Crédit photo: Gaïus Vagheni Kowene

Mais, l’Institut français, à travers Moamar Cissé, professeur à l’Université Cheick Anta Diop (UCAD), au Département des Sciences du langage et de la communication, a enseigné aux blogueurs « le style utiliser pour écrire dans un blog ». Contrairement au journaliste, Moamar Cissé nous a expliqué que le blogueur doit adopter le langage de l’action, de l’engagement. « Le blogueur peut se permettre une certaine liberté d’écriture auxquelles le journaliste n’a pas droit. Mais, les deux ont pour but de rendre accessible leurs publications au plus grand nombre de lecteurs », soulignait-il.

Toutefois, le professeur en Sciences du langage a fait savoir que l’article d’un blogueur devrait quelque fois répondre à une structuration journalistique : c’est-à-dire comporter un titre, un chapeau, une attaque, et un intertitre. Tout en utilisant un français facile et accessible (sujet-verbe-complément), pour être lu et compris. Joignant l’utile à l’agréable, l’écrivaine franco-sénégalais, Khadi Hane a dirigé un atelier d’écriture au cours duquel, nos deux groupes de blogueurs avons produit des billets autour de deux thèmes dont « le Riz » et « la Liberté ». L’auteur ‘’Des fourmis dans la bouche’’, nous a instruit qu’« il n’y avait pas un style particulier pour écrire et animer un blog. Mais, qu’il fallait plutôt être original, et savoir s’exprimer en toute franchise ». A l’image de la publication des images amateurs.

Lors de l'atélier d'écriture dirigé par l'écrivain Khadi Hane, le 19 avril 2013, au campus numérique francophone de l'AUF. Crédit photo: Marthe Le More

 Lors de l’atelier d’écriture dirigé par l’écrivain Khadi Hane, le 19 avril 2013, au campus numérique francophone de l’AUF. Crédit photo: Marthe Le More

Distinguer le vrai du faux !

Le module consacré à cet effet, a été l’affaire du célèbre Julien Pain de l’émission «l’Observateur de France 24 ». Selon lui, « toute image venant de personnes extérieures devraient être vérifiées avant toute publication ». Car, nous a-t-il mis en garde, « des gens essaient de manipuler les médias en balançant du faux ». Pour preuve, il n’a pas hésité à brandir une image que des pro-Gbagbo avaient envoyée à France 24, concernant des événements du camp de Nahibly à Duékoué, montrant une personne en train d’être brûlée par les flammes, faisant croire que c’étaient des pro-Ouattara qui s’adonnaient à cette pratique. « Après vérification, France 24 s’est rendue compte qu’il s’agissait d’une image venue du Congo », a-t-il attiré l’attention des blogueurs. A en croire notre formateur, il y a deux méthodes pour vérifier une image. A savoir : l’analyse des métadonnées permettant d’avoir une idée de l’appareil ayant servir à la prise de vue et la multiplication des sources (témoins directs, habitants, médias, ONG…).

Julien Pain, Responsable éditorial du site et de l'émission des @observateurs de @france24, a demontré son savoir faire en matière de vérification d'images aux mondoblogueurs. Crédit photo: FBI

 Julien Pain, Responsable éditorial du site et de l’émission des @observateurs de @france24, a demontré son savoir faire en matière de vérification d’images aux mondoblogueurs. Crédit photo: FBI

Enfin, mes frères et sœurs mondoblogueurs et moi avons terminé notre périple par le module de formation dispensé par Simon Decreuze sur les « images et formats d’image » que les mondoblogueurs doivent, désormais, utiliser pour illustrer leurs billets sur la plateforme du « monde des blogs ».

Malgré le long micro qu'il porte, Simon Decreuze est un Expert en montage d'image. Crédit photo: FBI

 Malgré le long micro qu’il porte, Simon Decreuze est un expert en montage d’image. Crédit photo: FBI

C’est le lieu pour moi de préciser que cette deuxième session de formation des mondoblogueurs qui s’achève, débouchera sur l’élaboration d’un webdocumentaire, coiffé par la réalisatrice Marthe Le More en co-réalisation avec Elliot Lepers.

Marthe Le More est chargé de produit un webdocumentaire sur les mondoblogueurs de la session 2013. Crédit photo: FBI

 Marthe Le More est chargé de produire un webdocumentaire sur les mondoblogueurs de la session 2013. Crédit photo: FBI

Autant dire qu’après la première session organisée en avril 2011, l’objectif de l’équipe de l’Atelier des médias RFI reste le même : Développer une blogosphère en langue française de qualité dans les pays du Sud. Voilà pourquoi j’ai refusé de me taire !

FBI


Dakar : Silicon Valley de l’Afrique francophone ?

Un billet écrit par Sinatou sur son blog Daily Sinath !

Plaque Jokkolabs (Crédits photo : Florian Ngimbis)
Plaque Jokkolabs (Crédits photo : Florian Ngimbis)

Dans le cadre de la Formation Mondoblog qui a eu lieu du 6 au 14 avril dernier à Dakar, comme une vrai « geekette », j’ai décidé de m’appesantir sur la webosphère sénégalaise, et je vous livre ici ce que j’en retiens.

Pendant que d’autres pays tels que le Bénin tardent à révolutionner le numérique, le Sénégal quant à lui est dans le peloton de tête des pays de l’Afrique de l’ouest pour l’infrastructure Télécom. Mais, avec un taux d’à peine 16% de pénétration de l’internet et des problèmes de financements, tout n’est pas si facile au pays de la Teranga.

Le nombre d’événement innovants liés au numérique s’élève à 150 cette année. Le taux de pénétration du mobile est de 80 %. Plus de 650000 sénégalais sont sur Facebook.

Ces chiffres m’ont été donnés par  entre autre  Karim Sy, Général manager de Jokkolabs, un écosystème d’innovation ouverte et un cluster virtuel pour la transformation social basé sur une communauté organique et un espace de co-working. Une première dans la sous-région d’autant plus qu’elle  s’appuie sur des talents individuels et le partage des ressources et de la prospérité  Ingénieur télécom de formation, Karim affirme que l’Afrique peut être globalement précurseur dans les usages technologiques.

Jokkolabs est un projet destiné à la communauté financé par les entrepreneurs et pour les entrepreneurs  dit-il. Inspiré de la culture du logiciel libre, Jokkolabs souhaite susciter l’innovation.

Mais il n’y a pas que Jokkolabs à Dakar,

Mardi 9 avril, deuxième jour de notre dakar tour 2.0, nous visitons aujourd’hui  CTIC Dakar, le premier et le seul incubateur du pays né d’un partenariat entre le public et le privé qui « couve » de jeunes startups.

CTIC Dakar se finance grâce à un pourcentage fixe qu’il perçoit sur les entreprises qu’elle aide à se développer. Il leur offre un cadre idéal, des bureaux confortables et une assistance fiscale  pour leur faciliter les charges au démarrage.

Plus qu’un incubateur, CTIC s’assure que les startups ont un réel impact sur leurs communautés. Au nombre de celles-ci, on peut citer Sama event, un site de réservation en ligne local ou encore m.louma, une application pour permettre aux agriculteurs de mieux gérer leurs marchés.

Marché plutôt impressionnant au Sénégal car 40% de la population dispose d’un smartphone et le mobile représente 10 % du PIB sénégalais comme nous le confie Monsieur Omar CISSE, Directeur de CTIC DAKAR.

Au nombre des innovations sénégalaises, on peut aussi citer l’application mobile de géolocalisation Ndakaaru (« Dakar », en wolof) lancée pendant notre séjour. Développée à l’occasion  du Tandem Dakar-Paris, Ndakaaru offre une visite guidée de Dakar avec à l’appui des mythes,légendes et histoires. Des thématiques telles que la santé, l’éducation y sont aussi intégrées en plus des contenus des blogueurs de Mondoblog (la plateforme de l’atelier des médias,la web émission participative de radio France international.

Il faut préciser que Ndakaaru est un prolongement du portail Web dénommé agendakar lancé en 2009. Aussi, plusieurs partenariats ont été établi  avec les ONG OneWorld UK et RAES (Réseau africain pour l’éducation, la santé et la citoyenneté),  pour promouvoir la prévention et l’accès aux soins à destination des jeunes générations notamment dans le domaine de la santé.

Par ailleurs, toutes ces innovations qui ne sont pas exhaustives dans cet article  sont loin d’être sans difficultés…

Orange  qui possède 42 % du capital de la Sonatel, principal opérateur sénégalais n’hésite pas à imposer ces nouveautés et à faire de l’ombre aux jeunes start up qu’elle feint d’accompagner mais  qui dépendent d’elle malheureusement. Avec ces offres   diverses et variées basées sur les technologies sms tels que l’alerte foot et l’accès à Facebook, Orange tente d’éduquer le marché et vient juste d’inaugurer un technocentre à Abidjan et lancée à Dakar.

Entre autre challenges, on peut parler aussi de la pression familiale que subissent les jeunes startupers. Pas très rémunératrice au début, les entrepreneurs se disent acculées par leur familles qui attend beaucoup d’eux et très rapidement. D’ailleurs, j’ai remarqué que la plupart de ces entrepreneurs faisaient partie de la diaspora sénégalaise donc des personnes dont les parents avaient investi sur leurs études en occident. D’où l’inquiétude de ces derniers quand leur progéniture se lance dans des aventures incertaines. Mais quand je leur demande pourquoi sont-ils rentrés malgré tout ? Ils me répondent qu’il y a quelques années, ils n’y auraient pas pensé mais aujourd’hui ils sont conscients que l’Afrique est le continent d’avenir. Même si, faut le dire, tous ceux qui reviennent ne réussissent pas forcément…

Néanmoins, la plus grosse difficulté de ces jeunes entreprises restent indéniablement le financement qui tardent à venir mais Aude Guyot (web-Designer ) pense que la solution pour ces entreprises est de développer des applications adaptées, ce qui leur assurera forcément un succès.

Les solutions ne s’arrêtent pas là ! Pour pallier au problème de financement, la communauté web sénégalaise a pris part du 12 au 14 avril 2013 à une startup week-end.  La startup week-end Dakar est un évènement au cours duquel tous les participants de profil totalement différents se réunissent, pitchent des idées, forment des équipes et défendent leurs projets devant un jury de grande facture qui les aidera à le réaliser.

A vrai dire, le plus dur commence après la victoire pour la meilleure équipe mais faut croire que  si les géants Microsoft, Google et Viadeo se sont installés à Dakar, c’est bien pour une raison.


#MondoblogDakar : visite du centre-ville pour 1 500 F CFA

Un billet écrit par Stéphane Huët sur 26, rue du Labrador.

Taxis jaunes et noirs de Dakar, Sénégal (Crédit photo : Stéphane Huët)
Taxis jaunes et noirs de Dakar, Sénégal (Crédit photo : Stéphane Huët)

Ah… Dakar et ses taxis jaunes et noirs. S’ils ne sont pas aussi efficaces que leurs cousins new-yorkais, ils sont aussi emblématiques.

Florian a déjà parlé des conversations absurdes qu’on peut avoir avec les taxis de Yaoundé. Le même kongosseur a aussi déjà évoqué le symptôme du taxi dakarois dans l’émission de l’Atelier des médias dédié aux Mondoblogueurs – il en parlera aussi sur son blog. Avant d’étaler mon étude poussée sur le sujet, je ne ferai qu’effleurer cette fameuse soirée où nous avons joué à « Où est Charly ? » dans Dakar.
La soirée avait pourtant bien commencée : à l’Institut français de Dakar, c’est enregistrement de l’émission L’Afrique Enchantée dans laquelle les Mondoblogueurs sont à l’honneur, les petits canapés circulent et la Flag est gratuite.

Une soirée s’improvise pour fêter le départ de la moitié de la délégation de Kremlin-Bicêtre, partenaire de la formation. Il paraît que le Charly est un bar sympa. « Ambiance locale », assure une Toubab. On vérifie l’adresse sur la nouvelle application Ndakaru, fraîchement lancée ce soir même.
C’est une dizaine de Mondoblogdakarois, fatigués qui se motivent pour sortir. Une voiture ne suffira pas. Un taxi s’arrête. Le chauffeur (appelons-le Abdou) ne connaît pas le Charly. La 3G en roaming indique que c’est route Ngor, vers l’aéroport. « Oui, je connais », dit Abdou. La moitié du groupe entre dans la voiture pour aller chercher un autre taxi à un carrefour où il y a du passage. On le trouve. Son chauffeur (appelons-le Gérard) ne sait pas non plus où est Charly.
On demande à Abdou de suivre son collègue qui va chercher nos amis pour s’assurer que le groupe reste ensemble, un minimum. Mais non.
C’est ainsi que nous nous élançons sur la route de l’aéroport pour tenter de rejoindre Charly. Sur notre route, pas de bar, ni autre lieu animé. Abdou ralentit. Il hésite. On lui montre le plan GoogleMaps pour l’aider, mais ça le perturbe.
De leur côté, nos amis galèrent aussi. Gérard se gratte la tête. « Lui-là, s’il se gratte la tête, c’est que les affaires ne sont pas bonnes même », s’exclame Khaofi.
Nous ne trouverons jamais Charly.

« Les taxis-là, ils savent où est Dakar. Mais c’est tout », nous dit l’ami Cyriac le lendemain. Je constate que plusieurs Mondoblogueurs ont eu affaire à des taxis dakarois non-aguerris. Ça ne peut pas être vrai : les taxis dakarois doivent connaître leur ville. Il faut creuser ça.

Jeudi 11 avril, je suis sur la Corniche de Dakar et j’arrête un taxi pour aller à l’Institut français. Il me propose 3000 F CFA. Faty, notre collègue dakaroise m’a déjà prévenu que la course coûte 1 500F CFA. Je fais le fier : « Je connais Dakar ». Dans quelques minutes, je vais regretter ce coup de bluff.
C’est Ibrahima qui me conduit. Il m’explique qu’il double le prix de la course pour les touristes, « parce que les Toubabs ont beaucoup d’argent » pour justifier le premier prix qu’il m’a proposé. Ibrahima me rappelle étrangement les taxis nosybéens.

Après quelques mètres, il arrive à un croisement avec une interdiction de tourner à gauche. On dirait qu’il ne s’y attendait pas. « Est-ce que vous connaissez Dakar même ? » Sourire et marmonnement qui sont supposés me rassurer. Il essaie une autre route et arrive à un croisement avec la même interdiction de tourner. Ibrahima insiste. Je me comprends qu’il va prendre l’autoroute en sens interdit.

« Ce n’est pas dangereux ça ?
– Oui, mais si je dois faire tout le tour, on perd du temps. Et je sais éviter les voitures ».
Ouais.

Ibrahima raconte qu’il est chauffeur de taxi depuis sept mois. C’est l’heure du test.
« Ibrahim, savez-vous où se trouve Le Charly ?
– Non.
– Bein, il faudrait. Parce que les Toubabs voudront sûrement y aller », lui conseille-je.

Je relate à Ibrahima quelques aventures que les Mondoblogdakarois ont vécues avec ses collègues. Je lui demande pourquoi les taxis de Dakar disent qu’ils connaissent l’endroit où l’on veut aller, alors qu’en fait, ils ne le savent pas où ça se trouve ? « Mais si toi tu rentres dans la voiture, tu sais où tu vas ». OK.
Le même doute de Ngor surgit :
« Mais, vous savez où se trouve l’Institut français, n’est-ce pas ?
– Mais toi tu sais. Tu as dit que tu connais Dakar », répond Ibrahima poliment.

C’est parti pour un tour dans le centre-ville de Dakar. Il tourne et retourne dans la ville. Je profite pour découvrir. Ibrahima s’arrête deux fois pour demander à des piétons où se trouve l’Institut français et fait de grand mouvement de la tête de gauche à droite pour chercher les repères qu’on lui a donnés.

Il s’arrête une troisième fois :
« Institut français ?
– Centre Culturel français ?
– Non, Institut français !
– Institut Centre Culturel français ?
– Oui ».

Je ne comprends pas l’explication en wolof, mais je ne suis pas convaincu. D’ailleurs, il s’arrête une quatrième fois pour interpeller un piéton. Je me permets de demander s’il a bien compris. « Oui oui, assure-t-il, c’est quelque part à droite ».
Finalement, c’est moi qui lui montre le panneau « Institut français ». En s’arrêtant, il voit mon magnétophone et me demande si je suis journaliste. Je réponds à l’affirmative pour couper court.

« Quelle radio ?
– RFI, toujours pour couper court (je rêve).
– RFI 92.0 ?
– Oui.
– À quelle heure ça passe ?
– Je ne sais pas encore. Merci au revoir ».

Quelques minutes plus tard, lorsque je sors des bureaux de la Délégation Wallonie-Bruxelles de Dakar, Diouf, un chauffeur de taxi m’interpelle.

« Je vais à l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). Vous voyez où c’est ? » Il répond un « oui » hésitant. Cette fois je dois être à l’heure, je préfère prendre toutes mes précautions cette fois.

– C’est le campus numérique, vers la corniche.
– À côté de l’université ?
– Oui, l’université Cheick Anta Diop.
– À côté de l’ambassade du Brésil, non ?
– Oui ! C’est ça ».

Pendant le trajet, je sors de mon sac l’album Tintin – Le secret de la Licorne qui vient d’être traduit en wolof.
« Ah, mais c’est toi que j’ai vu à la télé pour présenter le Tintin-là !
– Non, ce n’est pas possible.
– Oui, oui, c’est toi.
– Non, franchement, je ne suis pas du tout impliqué dedans.
– Mais arrête, insiste-t-il ».
J’arrête.

On parle un peu. Diouf est taxi depuis 2004. Il connaît Dakar « très bien même ». Vraiment ?
« Est-ce que vous savez où se trouve le bar Charly ?
– Charliiiie ?
– Oui.
– Le bar ?
– Oui.
– Ça me dit quelque chose. Charly… Charly… C’est où encore ? J’ai vu quelque part je pense. Charly, Charly… J’ai vu, mais j’ai oublié où c’est.
– À Ngor. Vous connaissez ?
– Bien sûr ! Hmmm… Je connais bien, mais j’oublie parfois les noms ».

Diouf met peu de temps pour arriver à l’AUF, alors je ferme les yeux sur Charly. Il me donne sa carte de visite, me montre qu’il a un tampon et un carnet de reçus pour pouvoir faire des factures si besoin. Avant de descendre je demande si je peux le prendre en photo. Il pose devant sa voiture. J’ai ma photo, je le remercie. Il me demande si je suis journaliste. Je coupe court, une fois de plus. « Tu vois, je savais que c’était toi que j’avais vu à la télévision ! ».


#Mondoblogdakar : à la poursuite de Charly

Un billet écrit par Florian Ngimbis sur Kamer Kongossa

Chez Charly, Dakar (Photo : Florian Ngimbis)
Chez Charly, Dakar (Photo : Florian Ngimbis)

J’ai adoré Dakar. Dakar des dibiteries, ces petits restaurants dans lesquels on vend un délicieux mouton grillé ; J’ai adoré le froid polaire qui vous blanchit la peau comme celle d’une signare. J’ai adoré la gazelle, cette bière sans goût  qui a renforcé mon amour pour la Castel. J’ai adoré le Tièp, omniprésent.

Mais ce que j’ai par-dessus tout adoré ce sont les chauffeurs de taxi.

Le chauffeur de taxi dakarois est un personnage. Un monument à classer au patrimoine mondial de l’humanité.

Quelqu’un a dit qu’on rencontre sa destinée par les chemins  qu’on emprunte pour l’éviter. A Dakar, on rencontre sa destinée en empruntant un taxi. Pour moi, ça a commencé par une sortie. Encore un de ces endroits que tout le monde vous recommande : Charly Bar. The place to be selon les guides touristiques. J’aurais préféré un maquis ou une dibiterie, mais bon… A défaut de ce qu’on aime…

Me voilà avec trois mondoblogueurs, trois cousins ivoiriens avec leurs airs de dozo* et leurs maillots orange qu’ils mettent même pour se coucher. Taxi !

Taxi… un mot, un titre, le début d’un film.

Le chauffeur cause français, et nous lui indiquons le nom de l’endroit. Chez Charly vous connaissez ? Il hoche la tête dans l’obscurité, façon margouillat. Tandis que l’antique voiture démarre dans un éclatement de pot d’échappement, je me racle la gorge dans la perspective de l’arrosage qui m’attend.

45 minutes plus tard, quelque part dans Dakar

« Mais tonton, Charly là c’est loin comme ça ? »

Le type, faussement concentré sur sa conduite ne répond pas. Son manège devient inquiétant. Il semble attendre que nous le guidions. Un carrefour, deux carrefours, troisième carrefour, vendu. On est perdu. Il freine sans prévenir et  nous débite une longue phrase en wolof.

Alléluia ! Nous sommes témoins d’un miracle : le chauffeur ne cause plus français.

La joie du miracle n’a pas duré longtemps. Surtout qu’à l’horizon, nous n’apercevons point de Charly bar.

Un passant compréhensif sorti de nulle part nous renseigne. Nous insistons pour qu’il renseigne plutôt le chauffeur ce qu’il fait via une tirade en wolof. Demi-tour, nous revoilà partis.

Un rond-point, deux ronds-points, virage à gauche et nous retrouvons dans une ruelle sombre. Les habitations se font rares et en lieu et place de la musique promise chez Charly, nous avons un concert de grillons.

Même les dozos ivoiriens, habitués aux endroits bizarres sont mal à l’aise. Demi-tour.

Le type est définitivement perdu et son seul but semble désormais de nous éjecter de son taxi. Nouvelle salve en wolof. Tatatatatatatatatatatatatata ! On dirait une mitrailleuse allemande qui crache des balles wolof. Les dozos ivoiriens descendent, je les suis. Affaire de guerre c’est leur spécialité, mieux vaut me fier à eux.

30 minutes plus tard…

Hosanna ! Alléluia ! Gloire à Dieu ! Allah est grand ! Après vingt minutes de marche à l’aveugle, des gendarmes nous ont renseignés et nous voilà enfin Chez Charlie. Heu… Sauf que nous sommes devant des portes fermées : Charlie n’ouvre pas le mardi.

Wèèè Dieu ! On t’a fait quoi ?

Pas question de  rentrer dormir. Conseil de guerre avec le général des dozos ivoiriens. Charly est fermé, alors nous irons chez Fabrice, chez Maurice, ou même chez Doukouré, mais nous les boirons ces bières !

Taxi ! Je devrais dire Taxi 2, la suite de la saga.

Le gars cause français. Comme toujours au départ.

Tonton dépose nous à Via Via. Il paraît que c’est chaud dans le coin. Tu connais ?

Via Via ? Mais c’est chez moi ! Je passe devant en sortant chaque matin. Ouf ! Enfin quelqu’un qui a un gps intégré.

15 minutes plus tard.

Le taxi s’arrête devant un bar.

De la musique, du son. Mais nous ne sommes pas au Via Via ! La plaque du bar indique « Piano-Piano ».

Qu’est ce qu’on fiche là ? Qui peut confondre « Via Via » et « Piano Piano » ?

Le miracle a lieu une fois de plus, le chauffeur ne cause plus que le wolof !

Le général des dozos m’envoie en éclaireur. Je suis camerounais, de la chair à canon. Le Piano Piano est un bar miteux, sans piano. Deux ou trois filles multicolores à force de dépigmentation m’observent dans un coin. Pas mon type de lianes. Trois types bleus à force d’être noirs font semblant de jouer au billard. Je sors en courant.

Le général rassemble ses dozos et sonne la retraite : on rentre à l’hotel. Tu connais Thialy ?

Oh miracle ! Le type reparle français ! Bien sûr qui ne connaît pas Thialy ?

La troupe repart. Il fait froid. On a soif, on est énervés. Mais surtout chacun aiguise sa machette et prépare ses poings. Si le chauffeur s’égare, il payera pour les « égarements » des autres. « C’est deuxième gaou qui nyatta ! ».

Vingt minutes plus tard…

Il ne s’est pas égaré. Nous sommes bien à Thialy. Mais il nous faut payer le double du prix convenu. Pour le détour vers « piano piano ». Nous n’avons même pas la force de discuter. Le général en premier lève le drapeau blanc. On paye.

Consolation devant un café touba. Nous avons perdu la guerre de la nuit.

L’oraison funèbre de notre soirée à été prononcée par le capitaine Suy :

« Les gars Charly là, si on part pas là bas est ce qu’on va mourir ? Allons dormir ! »

Générique de fin

Par ordre de commandement

Général des dozos : Cyriac Gbogou alias Siriki

Capitaine dozo : Moussa Bamba

Sergent dozo : Suy Kahoffi

Tirailleur dozo : Florian Ngimbis

Dans le rôle du méchant : chauffeur de taxi mal habillé.

*Dozo : ancien chasseur de rats devenu soldat grâce à la crise ivoirienne.


#MondoblogDakar : Les frasques d’un blogueur à la Terenga #1

Un billet écrit par Aphtal Cissé sur Le Bruit du silence.

La Corniche, Dakar
La Corniche, Dakar

Mon tout premier contact avec la culture sénégalaise s’est produit quelque part au dessus de l’Atlantique, à bord d’un vol de la compagnie Senegal Airlines. La charmante hôtesse, dans un sourire enjoué, tenant fortement son chariot, se tourne vers moi puis me demande : « Poulet ou poisson ? » La courbe de ses lèvres sur le dernier mot influença fortement mon choix du menu.

Le plat de poisson, servi avec des légumes et des pommes de terre cuites à la vapeur, était d’une chaleur qui contrastait délicieusement avec l’air conditionné de l’aéronef. En futur chef étoilé, j’use de tous mes talents afin de déceler les épices et les ingrédients qui ont servi à la cuisson de ce plat : peine perdue. Le mystère sénégalais obligeait un contact, une présence physique, pour être percé.

Le contact culinaire établi, il m’a fallu sortir du grand hall de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor, à l’atterrissage, pour me rendre compte que si Dakar pouvait se comparer à une station balnéaire, elle pouvait également devenir une ville sibérienne, surtout pour un togolais qui quitte Lomé à 39° à 13h. A minuit, (l’heure de mon arrivée), la température passe facilement sous le seuil de 20°, et ce n’est pas forcément gai.

Bonne arrivée à Dakar !

Le chauffeur chargé de me conduire à l’hôtel était si poli, dévoué, et serviable. Pour favoriser une meilleure appréciation du « Dakar By Night », il décide d’emprunter la Corniche, magnifique avenue qui longe une partie de la côte dakaroise. Direction, quartier Patte d’Oie, où attendaient les autres blogueurs sélectionnés pour la formation. Malgré le froid cinglant qui impose d’enfoncer le cou dans le col de la chemise, et de plonger les mains dans la poche, ils étaient tous là, sur la terrasse principale, à attendre les derniers blogueurs à arriver, afin de leur transmettre la chaleur de la rencontre et de découverte. Un plat de riz, jonché de tubercules de tous genres et de légumes de toutes sortes, m’attendait, bien au chaud. Bien naïf celui qui aurait résisté à ce plat.

Les vraies réalités de Dakar.

Qu’on se dise la vérité. Dakar peut être comparée à une jeune fille dont la virginité ne se vérifie que sur le lit conjugal, la nuit des noces. Une chose est de se fier à toutes les cartes postales, à tous les articles répertoriés sur Google, à toutes les photos prises par les uns et les autres ; une autre est d’être à Dakar, en chair, en os, en pensée, et en esprit. Et moi, ce que j’ai tout de suite compris à mon arrivée, est qu’il fait parfois très froid, excessivement froid à Dakar. Nous n’allons pas en vouloir à dame nature pour l’alternance des saisons, mais comprenez le pauvre asthmatique togolais que je suis.

Les sénégalais, sont de grands intellectuels, certes, mais au Sénégal, la langue française est l’une des valeurs la moins partagée. Vous ne comprenez pas ? Commettez la bêtise de vous adresser au Policier, au chauffeur de taxi ou de car-rapide, au revendeur de pain ou de Café-touba du coin, en français : s’il vous répond en français, je change de patronyme ! Il y a une sorte de réflexe collectif, un réflexe inné, qui oblige le sénégalais à discuter en Wolof, langue locale et dominante, sinon écrasante ! Le plus déconcertant, c’est qu’ils estiment, à tort ou à raison, que toute personne se trouvant sur le territoire sénégalais est censé comprendre le Wolof. Du coup, ils n’hésitent pas à traiter de « Niaakh », toute personne qui semble ne pas assimiler le wolof national.

 

Au pays de la Teranga, ne point comprendre Wolof est un péché impardonnable, passible de lourdes peines financières, payées lors des différents achats effectués dans la ville. Du conducteur de taxi, à l’agent municipal, en passant par le jeune vendeur de chaussettes, de pain, de thé, d’oranges ou de bananes, tous te font payer le lourd tribut de l’ignorance. Qu’on le veuille ou non, le mot « Niaakh » est originairement péjoratif, à présent utilisé pour désigner l’étranger, le non-assimilé, le rebel, l’ignorant, le sauvage. J’en ai fait les frais ; qu’il vous plaise de suivre mon regard…

Dakar est une ville vivante, coloriée, diversifiée, attrayante, séduisante et excessivement dépensière. Pour 100 FCFA, je me tape aisément trois oranges sucrées à Lomé ; à Dakar, il faut au moins 1.500 FCFA pour sucer moins de 5 oranges ! Si j’ai menti, demandez à Nathalie. Du coup, toutes ces petites habitudes que j’ai à Lomé, sont des actes dangereux à Dakar, à ne poser que lorsqu’on a un budget conséquent ! Ne me demandez pas combien j’ai prévu pour mon séjour, je ne peux pas m’acheter une orange, voilà !

Ville chargée d’histoire, Dakar, prête aisément le flanc à une dynamique de progrès, d’évolution, de formation et d’épanouissement. En témoigne les nombreuses nationalités présentes au Sénégal, pour des raisons de commerce ou d’études. Mais cela fera l’objet d’un article ultérieur, qui d’ailleurs est le résultat d’une série de reportages, effectué dans le cadre de la formation #MondoblogDakar.

Croyez-moi, vous aurez tous les détails de mon séjour dans cette superbe ville. Tous les détails, je vous dis ! Excusez-moi de vous tenir en haleine, vous saurez très tôt pourquoi ! Mais tout ce que je peux vous promettre là tout de suite, c’est que notre aventure sur ce blog ne sera plus la même ! Je vous promets des contenus de qualités, en texte, images vidéos et sons ! Nous avons grandis, nous avons été outillés, et vous le remarquerez, tous, incha allah.

J’ai dit !


Contestation politique sur les murs de Dakar

Un billet écrit par Serge Katembera sur Carioca Plus

(dakaroise près d'un tag: crédit photo Serge Katembera)
Dakaroise près d’un tag (Crédit photo: Serge Katembera)

Considéré comme un modèle de stabilité politique en Afrique, le Sénégal est également un pays où le clivage idéologique est très marqué. Les dernières élections qui ont vu Abdoulaye Wade être éjecté du pouvoir ont mobilisées les médias internationaux; quelques mois après le début de son gouvernement  Macky Sall est déjà très contesté.

Les dakarois sont très politisés et ils le font savoir sur tous les murs de la ville. Des murs qui racontent des histoires et servent directement de mirroir pour des différentes expressions idéologiques, mais ils sont aussi un espace de contestation politique. C’est sous les ponts et le long de la corniche que les inscriptions politiques sont le plus remarquables (Promenez-vous sur la côte ici).

(tag contre Macky Sall, Crédit photo: Serge Katembera)
Tag contre Macky Sall (Crédit photo: Serge Katembera)

 La ville de Dakar fait honneur à sa réputation qui en fait un centre culturel en Afrique de l’Ouest, mais également une référence régionale de tolérance religieuse et de pluralisme politique. La liberté d’expression n’est peut être pas au même niveau qu’en occident; la présence des graffitis sur les murs étant peut être le signe de l’absence d’espaces de contestation politique institutionnalisés. Néanmoins, Dakar semble être le symbole visible de l’esprit démocratique du pays.

Il faut aussi reconnaitre que le gouvernement de Sall permet à l’opposition politique de se manisfester librement même quand cette dernière utilise des langages peu recommandables dans une démocratie (Voir la photo ci-dessous)

(dans un pays où l'homosexualité est très mal vue, Macky sall fait souvent l'objet de provocation homophobe: Crédit photo: Serge Katembera)
Dans un pays où l’homosexualité est très mal vue, Macky sall fait souvent l’objet de provocation homophobe (Crédit photo: Serge Katembera)

Dans un pays où l’homoséxualité est pénalement reprimée par la loi, un fait courant dans les rues de Dakar est de taxer certains politiques d’homosexuels en s’appuyant sur un discours souvent moqueur et xénophobe. Macky Sall en est peut être la principale victime.

Les graffitis politiques de Dakar racontent des histoires, on peut donc en recenser quelques unes :

(une affiche demande la libération d'un jeune leader socialiste de Dakar: crédit photo: Serge Katembera)
Une affiche demande la libération d’un jeune leader socialiste de Dakar (Crédit photo: Serge Katembera)
  • Barthélémy Diaz ou simplement Barth est le responsable  du mouvement des jeunes du Parti Sosialiste Sénégalais (PS), parti politique fondé entre autre par Léopold S. Senghor et dont l’actuel Sécretaire Général de la Francophonie Abdou Diouf est une ancienne figure emblématique. Diaz a été incarcéré pendant au moins trois mois après avoir été accusé de meurtre à la suite d’un incident à l’arme à feu devant son domicile où une foule s’était aggloméré.
(une dakaroise est plutôt d'accord avec cette inscription, crédit photo: Serge Katembera)
Une dakaroise est plutôt d’accord avec cette inscription (Crédit photo: Serge Katembera)
  • Macky Sall veut tuer Karim est une référence au fils d’Aboulaye Wade actuellement impliqué dans une affaire de corruption. On fait état de 174 milliards de francs CFA détournés. Les partisans de Karim Wade contestent le dénouement du jugement et le font savoir en inscrivant des textes sur tous les murs de la ville. C’est intéressant de noter que certaines personnes sont plutôt d’accord avec le sors de “l’ancien prince” du Sénégal.

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  • Un leader réligieux Cheik Bethio considéré comme une divinité dans certains milieux fondamentalistes , décide de faire expulser des jeunes fanatiques de sa résidence. La situation dégénére rapidement en une bagarre qui aura un bilan de deux morts. Cheik Bethio fait entérrer les morts sans en informer la police. L’un d’entre eux serait mort asphyxié puisque l’autopsie a révélé la présence du sable dans les poumons de la victime. Celui qui est aussi appelé « le marabou » est mis sous examen judiciaire attendant son jugement en prison temporaire. Par la suite, Cheik Bethio a été diagnositiqué d’un cancer qui lui permet d’attendre son jugement en liberté provisoire en France. Ce qui pousse une partie de la population à croire que le crime restera impuni. De leur côté partisans du Cheik dénoncent une certaine arbitrarieté dans la procédure.

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Pendant ma virée sur Dakar  j’ai constaté que les graffitis politiques se concentrent sur la côte, près de la corniche et dans les quartiers riches; ce qui laissent croire que ces messages s’adressent à une catégorie sociale spécifique et peut être même aux étrangers. Le fait est que sur les murs du marché HLM de Dakar il est rare de trouver des textes  avec un contenu politique.

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Contrairement aux idées reçues en Afrique où on a tendance à croire que le pluralisme idéologique est dangereux pour la stabilité des régimes, au Sénégal et particulièrement à Dakar c’est cette diversité politique qui fait la force d’une société marquée par la tolérance.


Quand #MondoblogDakar enchante l’Afrique

Fatouma et Florian au micro de L'Afrique Enchantée (Crédits photo : Elliot Lepers)
Fatouma et Florian au micro de L’Afrique Enchantée
(Crédits photo : Elliot Lepers)

Dans la cadre du Tandem Paris-Dakar, durant lequel de nombreux événements sont organisés conjointement entre les deux capitales, l’émission de France Inter, L’Afrique Enchantée, s’est invitée mardi 9 avril à la Galerie le Manège, pour enregistrer une émission spéciale Mondoblog. “ En ligne de mire: l’Afrique 3.0 dont la jeunesse s’est emparée du web pour s’exprimer, témoigner et imaginer ses plans de l’Afrique de demain.
(Article écrit avec Pierrick de Morel)

Les soirées sont fraîches à Dakar. Mais rien qui n’empêche d’enregistrer une émission de radio en plein air. Mardi 9 avril, Vladimir Cagnolari et Solo Soro, les deux animateurs de L’Afrique Enchantée. Avec eux, Ziad Maalouf évoque le projet et la formation Mondoblog.

Cette soirée met également à l’honneur la nouvelle application mobile pour Android, Ndakaaru. Les contenus produits sur Mondoblog viendront enrichir cette Web app, développée spécialement pour l’occasion par l’équipe d’Agendakar-Nelam Services.

Installés sur des chaises hautes, au beau milieu d’un skate park, les deux animateurs mettent l’ambiance. Après l’introduction musicale du groupe Takeifa, ils commencent à évoquer Mondoblog, en compagnie de Ziad Maalouf. Arrivés à Dakar le vendredi 5 avril, en même temps que l’équipe de l’Atelier des médias, cela fait quatre jours qu’ils suivent et observent les blogueurs dans leurs formation et leurs reportages sur le terrain.

Mod2 et Docta graffent pendant l'émission L'Afrique Enchantée (Crédits photo : Elliot Lepers)
Mod2 et Docta graffent pendant l’émission L’Afrique Enchantée (Crédits photo : Elliot Lepers)

Tout au long de l’émission, le public découvre des portraits, des échos, des frasques de blogueurs interviewés durant ces derniers jours.

Moment fort de la soirée : Solo Soro lit un texte du camerounais William Bahiya, “journaliste presqu’engagé”. Le blogueur avait rédigé ses premières impressions sur la capitale sénégalaise. Il ne se doutait pas que son billet aurait les honneurs de l’antenne de France Inter.
“ Le matin du 6 avril 2013, je me suis aventuré dans les rues du quartier, et j’ai même longé l’autoroute de la capitale sénégalaise qui relie Patte d’Oie au quartier Front de terre. J’ai rencontré des Sénégalais et des Sénégalaises. Plus exactement, je les ai observées de loin. J’ai été au marché. Ils parlaient le wolof, le français, le wolof encore, le français en wolof, le wolof en français exactement comme dans l’oeuvre de Sembène. ”

Invité sur le plateau, Florian Ngimbis, blogueur de la première heure, raconte ses débuts sur Mondoblog. Sur son blog, Kamer Kongossa, il parle de choses sérieuses de la société camerounaise avec un ton léger. Son premier billet, intitulé Tout doux le chien ! évoquait la crise économique dans son pays natal.
“ Dans la première moitié des années quatre vingt-dix le Cameroun à l’instar de tous les pays de la zone franc -CFA s’entend- connut une dévaluation de sa monnaie. Dès lors, les camerounais se débarrassèrent de toutes leurs habitudes onéreuses : voitures, triple repas, vacances et… chiens ! ”

Deuxième invitée, Fatouma, blogueuse et enseignante malienne de la saison 2 qui a commencé à blogger pour témoigner de l’invasion des rebelles à Tombouctou. Dans ses derniers billets, Faty défend l’islam véritable, religion de partage et d’ouverture vers les autres croyances.
“ J’essaye de me renseigner le plus possible ici, auprès des autres mondoblogueurs, pour pouvoir m’ouvrir au monde et retourner un jour à Tombouctou. ”

Après une heure d’enregistrement, tout le monde se retrouve autour d’un cocktail, le moment de se raconter toujours plus d’histoires.


Des souvenirs prospectifs de Dakar

Un billet écrit par William Bayiha sur Journaliste presqu’engagé !

Rue

Une rue sablonneuse du quartier Patte d’Oie à Dakar (Crédit Photo : William Bayiha)

Je vois très bien les rues telles que décrites dans la nouvelle Le Mandat. S’enfonçant dans les entrailles des quartiers de Ndakaru, les ruelles sont sablonneuses. Je me figure le facteur poussant difficilement sa mobylette dans ce sable fin mais récalcitrant pour livrer le courrier à problème. Et quand j’ai vu des femmes balayer leur cour le matin, elles m’ont fait penser avec tellement de pertinence aux deux femmes d’Ibrahima Dieng. Quelques détails au hasard. C’est fou comme Dakar est comme l’avait décrite Sembène Ousmane il y a près de cinquante ans !

Le matin du 06 avril 2013, je me suis aventuré dans les rues du quartier et j’ai même longé l’autoroute de la capitale sénégalaise qui relie Patte d’Oie au quartier Front de terre. J’ai rencontré des Sénégalais et des Sénégalaises. Plus exactement, je les ai observées de loin. J’ai été au marché. Ils parlaient le wolof, le français, le wolof encore, le français en wolof, le wolof en français exactement comme dans l’oeuvre de Sembène.

Et partout ce même filet continu de sable fin hante les rues non bitumées. Face au spectacle d’un sol aussi sablonneux je me suis demandé comment les plantes font pour pousser. C’est vrai le long de la voie rapide, il y a de la végétation. Mais ce serait en même temps exagérer de la comparer aux sissongos ou aux hautes herbes qui bordent les rues et les routes au Cameroun. Il s’agit d’avantage de futaies d’épineuses qui rappellent d’autres récits de Sembène Ousmane. Et c’est justement grâce aux paysages décrits dans Vehi Ciosane que je réussis à me faire à la végétation particulière qui borde les rues de Dakar.

Mais tout cela ne m’a pourtant pas semblé familier. Je ne m’attendais pas à trouver de si bonnes routes dans la capitale sénégalaise. Il fait plus froid que dans les récits de Sembène et les écrivains publics ne se sont pas montrés depuis la nuit dernière. Il ne faut pas désespérer n’est-ce pas ? Et la presse quotidienne paraît le samedi, et elle semble se vendre. Et ce qui m’a le plus marqué c’est qu’ici à Dakar et sans doute dans le reste du Sénégal et de l’UEMOA, le francs Cfa de la Banque des États de l’Afrique centrale n’est qu’un papier sans valeur.


#MondoblogDakar : Une journée à Gorée

Île de Gorée
Île de Gorée (Crédit photo : Raphaelle Constant)

Dimanche 7 avril, les Monblogueurs retenus pour la formation à Dakar ont embarqué pour une excursion à Gorée. Longue de 900 mètres et large de 300, la petite île au large de Dakar était le principal lieu de départ d’esclaves vers l’Amérique. Aujourd’hui, l’île de Gorée est un havre de paix sur lequel se sont réunis tous les blogueurs pour une première sortie de groupe.

Que se passe-t-il quand 50 blogueurs venus de toute la francophonie embarquent sur une chaloupe pour l’Ile de Gorée ? Ils mettent de l’ambiance.

Et on dit premier gaou n’est pas gaou oh. C’est deuxième gaou qui est niata oh ah !, chantent en choeur les Ivoiriens à l’avant du bateau. Casquettes rouges RFI vissées sur la tête, sac à dos (remplis), et sourire en prime, le Mondoblog Tour est paré pour une visite de l’île de Gorée.

Débarcadère. Une fois le pied sur la terre ferme, les Mondoblogueurs ne savent plus où donner de la tête. Gorée, ses couleurs, ses femmes, sa côte… “On commence à se fabriquer des souvenirs les petits !”, crie une Camerounaise, son appareil photo à la main.

Détour par la Maison des esclaves

Mais très vite, le silence retombe. Sitôt franchi le seuil de la Maison des esclaves, les blogueurs sont accueillis par une citation de William Bosman, marchand d’esclaves hollandais au 18e siècle :

« If all the sky were paper and all the sea were ink, I would not be able to describe the brutality of the slave trade. » (Si tout le ciel était fait de papier et la mer était de l’encre, je ne serais pas capable de décrire la brutalité du commerce d’esclave).

Entre les murs orangés et les portes turquoises, le conservateur de la Maison des esclaves entre en scène. Face à des blogueurs et des visiteurs attentifs, il revient sur l’histoire de l’île, et explique que pendant trois siècles, Gorée a été l’un des principaux centre de transit du commerce triangulaire. Le discours est ciselé, presque politique. Face à son auditoire, le conservateur dresse un tableau sombre de la Maison des esclaves, occultant le fait que la véracité historique de ses propos a été remise en cause depuis quelques années.

Après une demi-heure de discours, les flashs crépitent. Les blogueurs déambulent dans la petite maison, se mélangent. Les chuchotements résonnent. Portable et cahier de notes à la main, le guinéen Mamady Keita attrape le premier blogueur qui lui passe sous la main pour recueillir ses impressions. “Alors Aphtal, quel est le sentiment qui t’anime après cette visite de Gorée ?”

“Moi, je t’ai choisi !”

La matinée se poursuit avec une promenade. Direction le restaurant sur les hauteurs de l’île. Durant tout le trajet, les blogueurs doivent répondre à toutes sortes de sollicitations : les nombreuses vendeuses de souvenirs tendent colliers de perles, coquillages, porte-clés et autres bijoux à nos internautes en herbe, tandis que des artistes locaux leur proposent des tableaux réalisés avec du sable.

“ C’est toi que j’ai choisi. Tu sais sur l’île, chacune d’entre nous choisi quelqu’un. Et moi je t’ai choisi”, lance une sénégalaise au montréalais Nicolas Dagenais. Conquise par le blogueur, la vendeuse finit par lui céder gratuitement l’un de ses colliers en perle bleu.

Le blogueur Nicolas Dagenais avec une vendeuse de souvenir, sur l'ïle de Gorée (Crédit Photo : Pierrick de Morel)
Le blogueur Nicolas Dagenais avec une vendeuse de souvenir, sur l’ïle de Gorée (Crédit Photo : Pierrick de Morel)

La chaleur devient étouffante. Tout le monde s’intalle autour de tables en plastique pour savourer le premier repas de la formation ensemble. Sîtot le déjeuner terminé, il faut déjà redescendre vers le port, direction l’Agence Universitaire de la Francophonie, à Dakar, pour le lancement officiel de la formation.

Article écrit par Pierrick de Morel et Raphaelle Constant


Le Mondoblog Tour commence!

Lors de la formation à Dakar, un webdocumentaire sera consacré à Mondoblog, un projet porté par la réalisatrice Marthe Le More en co-réalisation avec Elliot Lepers. Marthe a déjà réalisé le portrait d’un mondoblogueur lors d’un récent passage à Abidjan. Une vidéo à découvrir dans ce billet qui présente l’ensemble du projet Mondoblog Tour.

Marthe Le More

Diplômée d’un D.E.A. de philosophie, portant sur la philosophie africaine et l’oralité, Marthe Le More est aujourd’hui réalisatrice, scénariste et photographe. Elle réalise des fictions et des documentaires.

Auditrice assidue de RFI, Marthe s’intéresse depuis quelque temps à l’Atelier des médias et à Mondoblog, « un projet en pleine effervescence, un laboratoire d’expérimentations, et un concentré de talents ». Elle prend contact avec Ziad Maalouf en décembre 2012 pour apporter un petit plus à la plateforme grâce à ses images.

Abidjan par Marthe Le More
Abidjan par Marthe Le More

Le  blog est un espace d’expression libre et c’est sur ce point que Marthe veut  se concentrer.

Son projet est de suivre certains Mondoblogeurs pendant la formation, d’observer les liens qui se créent entre eux, et de les interroger sur leurs parcours et leur rapport au blogging.  Elle compte réaliser un webdocumentaire dans un premier temps avant de se lancer dans un projet de documentaire plus long.

Embarquée dans le Mondoblog Tour, Marthe a déjà réalisé le portrait de Fofana Baba Idriss, un blogueur de la saison 2.